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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/37

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sons avec grosses dents et peau de buffle qui viennent sur les bancs de sable en avril, mai et juin, pour y faire leurs petits qu’ils ne laissent pas, lesquels ont une chair délicieuse comme celle du veau. Avec les intestins de cinq gros poissons semblables, on fait un tonneau d’huile si douce et propre à faire de si bon savon que le roi d’Espagne en couperait tous ses oliviers.

Donc, ce n’est pas Drake mais Thomas James qui le premier des Anglais s’aventura à l’intérieur du Golfe. Et cette expédition aurait coïncidé avec celle du capitaine inconnu sous la protection de Monsieur de la Court Pré Ravillon et Grand Pré. Cependant, ni l’un ni l’autre n’en font mention. Ils ne se sont donc pas rencontrés. Et c’est facile à expliquer. James donne des détails inconnus à l’autre : les vaches-marines atterrissent en avril, mai et juin. Il est donc arrivé là de très bonne heure, sur la fin du printemps, quand l’autre n’y est parvenu qu’au cours de l’été, alors que les petits sont devenus gros, car la croissance, comme chez le loup-marin, est très rapide. Mais ce qui est étrange, c’est que ni l’un ni l’autre ne mentionnent de Bretons ou de Basques. Il n’y en avait donc pas cet été là. Tous les deux cependant croient avoir découvert l’Île Ramea, mais si c’était une découverte pour eux, ce n’en était pas une au sens générique du mot : connaître ce qui était inconnu. Tous les deux n’auraient pas pu appliquer ainsi par simple hasard le mot Ramea à ce petit groupe d’îles. Affirmons donc sans crainte que l’Île de Ramea était connue avant 1591.

À leur insu, les Anglais et les Français commencèrent en cette année 1591 à se disputer les premiers pouces de terre qu’ils se donnent respectivement le mérite d’avoir découverts dans le nord de l’Amérique. Nous