Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 45 —

sans cela. Sa peau, d’un pouce d’épaisseur, sert à faire des traits. La partie la plus précieuse de l’animal se trouve sous la peau. C’est le lard dont on fait l’huile.

« L’endroit où se prennent les vaches marines se nomme échourie : un terrain de quelques centaines de pieds de superficie, au sommet d’une falaise de dix à soixante pieds d’élévation avec une inclinaison naturelle, mais parfois si escarpée qu’il est difficile d’imaginer qu’un animal aussi lourd puisse jamais arriver jusqu’au faîte. Voici la méthode de les cerner et de les tuer :

« Quand il y en a beaucoup d’échouées ensemble au bas de la falaise, elles sont suivies par d’autres qui, pour avoir une place, donnent un petit coup de dent à celles qui les précèdent et qui avancent immédiatement. Les dernières sont poussées par d’autres qui veulent aussi se reposer… jusqu’à ce que les premières soient rendues si loin en haut de l’échourie qu’elles permettent aux dernières de s’échouer et de dormir si elles ne sont pas dérangées.

« L’échourie étant à son comble ou en contenant assez pour permettre d’en cerner trois ou quatre cents, dix ou douze hommes, à la tombée de la nuit, se munissent de perches de douze pieds de longueur sur deux ou trois pouces de diamètre et attendent le moment opportun pour commencer l’attaque. Ils doivent faire bien attention de ne pas approcher du côté du vent, mais de toujours se tenir sous le vent, car la vache-marine a du flair et il ne faut pas l’éveiller. Quand ils sont à trois ou quatre cents verges de distance, cinq hommes avec chacun une perche, se détachent du groupe et s’avancent doucement ; à cinquante verges, ils se traînent sur leurs mains et leurs genoux, jusqu’à celles qu’ils doivent séparer et qui sont à environ dix