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fistoler leur bateau. Enfin, prenant la mer pour la troisième fois, ils atteignent la Baie de Fundy, ayant perdu en chemin la moitié des leurs.

Les 1500 débarqués en Virginie furent faits prisonniers et transportés en Angleterre.

De tous les États de la Nouvelle-Angleterre, seuls, le Massachusetts, New-York, la Pennsylvanie et le Connecticut firent des règlements pour venir en aide à ces naufragés de l’humanité.

Ceux qui étaient destinés à la Pennsylvanie périrent en s’y rendant.

D’autres groupes de la Georgie et de la Caroline du Sud qui ne pouvaient pas se procurer de petits bâtiments, s’embarquaient sur des chaloupes, longeaient les côtes, allaient d’anse en anse, durant le jour, dormaient la nuit sous quelques saules complaisants et arrivaient ainsi à Boston vers le milieu de juillet 1756. Le gouverneur Phips fit saisir leurs embarcations et instituer une enquête.

On était alors en pleine guerre. Les habitants anglais de ces provinces regardaient les Acadiens comme des êtres très dangereux et les traitaient d’après la méthode boche durant la dernière boucherie mondiale (1914-18). Apprenaient-ils quelques victoires françaises au Canada, les gouverneurs des états du nord lançaient des proclamations pour ordonner une plus stricte surveillance des « Français Neutres ». S’ils désobéissaient aux lois draconiennes du pays, ils étaient condamnés à une forte amende, ou fouettés à nu, ou jetés en prison. Ceux qui avaient réussi à briser leurs lourdes chaînes et à s’évader en 1756 étaient bien chanceux, car à partir de 1757 aucun passeport ne fut accordé.