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Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/142

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la route la magnificence de ce canal, capable de porter de gros navires et qui, par le moyen de nombreuses écluses construites d’une manière aussi simple qu’ingénieuse, dissimule les inégalités de terrain. La canalisation de l’empire a toujours été l’objet de la sollicitude du gouvernement chinois. On voit dans les annales de la Chine qu’à toutes les époques chaque dynastie s’en est occupée avec le plus grand intérêt ; mais rien n’est comparable à ce qui fut exécuté par l’empereur Yang-Ti, de la dynastie des Tsin, qui monta sur le trône l’an 605 de l’ère chrétienne. La première année de son règne, il fit creuser de nouveaux canaux ou agrandir les anciens, pour que les barques pussent aller du Hoang-Ho au Yang-tse-Kiang, et de ces deux grands fleuves dans les principales rivières. Un savant, nommé Siao-Hoai, lui présenta un plan pour rendre toutes les rivières navigables, dans tout leur cours, et les faire communiquer les unes aux autres par des canaux d’une nouvelle invention. Son projet fut adopté et exécuté, de manière qu’on fit, refit et répara plus de mille six cents lieues de canaux. Cette grande entreprise exigea des travaux immenses, qui furent partagés entre les soldats et le peuple des villes et des campagnes. Chaque famille devait fournir un homme âgé de plus de quinze ans et de moins de cinquante, à qui le gouvernement ne donnait que la nourriture. Les soldats, qui avaient eu en partage le travail le plus pénible, recevaient une augmentation de paye. Quelques-uns de ces canaux furent revêtus de pierres de taille dans toute leur longueur. Pendant nos voyages nous en avons vu des