Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/144

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Le lit du Hoang-Ho a subi de nombreuses et notables variations. Dans les temps anciens, son embouchure était située dans le golfe du Pé-Tchi-Li, par 39 degrés de latitude. Actuellement, elle se trouve au 34e parallèle, à cent vingt-cinq lieues de distance du point primitif. Le gouvernement chinois est obligé de dépenser annuellement des sommes énormes pour contenir le fleuve dans son lit et prévenir les inondations. En 1779, les travaux qui furent exécutés pour l’endiguement coûtèrent 42,000,000 de francs. Malgré ces précautions, les inondations sont toujours fréquentes. Car le lit actuel du fleuve Jaune, dans les provinces du Ho-Nan et du Kiang-Sou, sur plus de deux cents lieues de long, est plus élevé que la presque totalité de l’immense plaine qui forme sa vallée. Ce lit continuant toujours à s’exhausser par l’énorme quantité de vase que le fleuve charrie, on peut prévoir pour une époque peu reculée une catastrophe épouvantable, et qui portera la mort et le ravage dans les contrées qui avoisinent le Hoang-Ho.

Ces grands fleuves et ces nombreux canaux entretiennent, sur toute la surface de l’empire, une activité prodigieuse et bien faite pour étonner des étrangers, surtout au seizième siècle, à une époque où l’Europe n’offrait rien de semblable. On ne saurait s’imaginer le nombre de jonques de toute forme et de toute grandeur qui sont perpétuellement en circulation pour transporter d’une province à l’autre les marchandises et les voyageurs. Le canal impérial a été creusé principalement pour conduire à la capitale les tributs, qui, dans la plupart des provinces, se payent en nature. Les environs de Péking étant très-peu fertiles, l’im-