Aller au contenu

Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seule raison qu’il ne faut pas changer ce que les ancêtres ont établi.

Les Chinois de la mission de Tchao-Tcheou eussent admis volontiers le Dieu des chrétiens, sans rejeter toutefois leurs idoles, surtout celles qu’ils possèdent à domicile, dans une petite niche, et devant lesquelles ils entretiennent une lampe et font brûler des bâtons d’odeur. Ce n’est pas qu’ils éprouvent pour elles une bien vive affection, mais ils craignent de s’en défaite, ils ont peur de quelque fâcheux résultat, et puis l’habitude est là ! Il ne faut pas expulser le dieu domestique… autrement, que penseraient les ancêtres ?

Ces nombreuses superstitions qui empêchent les Chinois d’embrasser le christianisme, sont pour les nouveaux convertis une source de tracasseries et de persécutions. À tout propos on vient les tourmenter et exiger d’eux des contributions pour faire des processions, ériger des pagodes, ou jouer la comédie dans le but d’obtenir la pluie ou le beau temps. Comme il n’est pas permis aux chrétiens de participer à ces pratiques, il en résulte toujours des querelles et des vexations, incapables assurément d’émouvoir des âmes bien trempées, mais bien suffisantes pour éloigner de la religion ces natures lymphatiques et pusillanimes.

Un jour le P. Lombard se trouvait, aux environs de Tchao-Tcheou, dans un bourg considérable où il avait fondé une petite résidence pour soigner quelques néophytes. Les habitants de la contrée promenaient, avec pompe et fracas, une idole à qui ils voulaient construire une pagode. Selon la mythologie chinoise,