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Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/205

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gèrent à se fortifier. Ils construisirent avec ardeur une épaisse muraille sur les bords escarpés de la mer, afin de repousser plus facilement les attaques des pirates hollandais, s’ils se présentaient.

Les Chinois, toujours ennemis des étrangers, profitèrent de cette occasion pour se soulever. Ils prétendaient que les Portugais voulaient s’emparer de l’empire ; qu’ils avaient déjà élevé plusieurs citadelles, car ils appelaient ainsi les églises récemment construites, et que maintenant ils se fortifiaient du côté de la mer. Ils allaient jusqu’à dire que le P. Cataneo avait été désigné pour être empereur. Ce missionnaire, qui depuis quelque temps était retourné à Macao, avait conservé le costume chinois, et on en concluait qu’il se tenait prêt à se mettre en campagne. Ses capitaines et ses nombreux partisans étaient déjà dans l’intérieur et occupaient des points stratégiques d’une grande importance. On voulait parler des résidences chrétiennes de Tchao-Tcheou et de Nan-Tchang-Fou, de Nanking et de Péking. Ces bruits ridicules ayant été malicieusement répandus de tous côtés, la populace s’insurgea, s’arma de piques et de bambous, et courut assiéger l’église portugaise, que les Chinois s’obstinaient à considérer comme une forteresse. On y mit le feu et on la pilla. Un Portugais ayant arraché à un Chinois un tableau de la Vierge qui avait été mis en lambeaux, en fit une sorte d’étendard et parcourut la ville pour exciter ses compatriotes à la vengeance. Les Portugais, les nègres surtout, à la vue de la sainte image, se formèrent en bataillon, et le zèle religieux exaltant leur énergie et leur courage, ils se précipitèrent sur les païens et les mirent en fuite. Usant ensuite de re-