Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/226

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autres objets de curiosité qu’ils avaient apportés de l’Occident ; que les princes, les magistrats et le peuple les avaient eu grande estime et vénération et qu’ils faisaient à Khanbatu de nombreux prosélytes. Il montra enfin au P. Goès une lettre qu’il conservait précieusement dans une bourse ; il l’avait ramassée aux environs de la résidence du P. Ricci, parmi un tas de balayures et de débris de papier. Il la gardait pour avoir à montrer à ses amis un spécimen de l’écriture en usage parmi les étrangers nouvellement établis dans le royaume de Cathay. La lettre était écrite en portugais.

Ces précieuses nouvelles comblèrent de joie le P. Goès et son fidèle compagnon Izaac. Ils sentirent leur courage se fortifier, et tout leur fit espérer de voir bientôt à Péking leurs confrères, et de se reposer dans la mission catholique de leurs longues fatigues. La nuit presque tout entière s’étant écoutée en causeries, aussitôt que le jour parut, on plia les tentes, les bagages furent placés sur les bêtes de somme, et les deux caravanes se séparèrent pour reprendre chacune leur route, l’une vers la Chine et l’autre vers les Indes.

À Tourphan ville célèbre de la haute Asie, la caravane de Goès dut s’arrêter plusieurs jours, afin de faire de nouvelles provisions et de prendre des passeports pour la Mongolie. Le souverain de cette contrée s’entoura d’un pompeux appareil pour distribuer aux marchands leurs passe-ports. Il avait réuni dans son palais tous les hauts fonctionnaires de la ville, et lorsqu’il fit dresser par son premier secrétaire la liste des voyageurs, il s’arrêta au nom d’Abdula-Isaï, nom arménien qu’avait adopté le P. Goès, et qui signifie