Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/260

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ressemblait beaucoup à la théorie de la métempsycose, qui leur était venue des philosophes indiens.

Considérés sous ce point de vue, les usages de la Chine parurent à Lombard et aux missionnaires qui se déclarèrent pour lui une idolâtrie des plus caractérisées, qui ne pouvait s’allier avec la sainteté du christianisme ; une pratique criminelle, dont il fallait faire sentir l’impiété aux Chinois que la grâce de Dieu appelait à la lumière de l’Évangile, et qu’il fallait interdire absolument à tous les chrétiens, quelles que fussent leur condition et les places qu’ils occupaient dans l’empire. On leur défendit même d’employer les mots Tien et chang-ti, par lesquels les Chinois entendaient désigner la Divinité. La rigoureuse orthodoxie du P. Lombard s’éloignait beaucoup, comme on voit, de l’excessive tolérance du P. Ricci.

Tel fut le commencement de cet antagonisme qui devint plus funeste à la prospérité des missions que les persécutions les plus violentes des mandarins. Il naquit au sein même de la société de Jésus et avant l’arrivée en Chine de missionnaires appartenant à d’autres instituts. Nous le verrons plus tard se développer et prendre les déplorables proportions d’une lutte acharnée. La discussion sur les rites chinois, sur le culte des ancêtres et de Confucius ne sera plus renfermée dans les limites de l’Empire Céleste, elle deviendra pour l’Europe, comme pour l’Asie, une controverse pleine d’aigreur et de passion. On répandra avec profusion des dissertations et des mémoires qui, au lieu de dégager la vérité, ne serviront au contraire qu’à l’envelopper de plus épaisses ténèbres, jusqu’à ce qu’enfin l’Église, avec son autorité souveraine et absolue, vienne