Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/43

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tion, écrite en portugais par ce missionnaire, de ce qui lui était arrivé en Chine et des espérances qu’autorisait cette mission si elle venait à être cultivée[1]. Il paraît que ces premières tentatives de prédication ne furent pas sans bons résultats. Les Chinois, aussi touchés par la force des exemples de Gaspard de la Croix que persuadés par ses discours, abattirent eux-mêmes une des pagodes consacrées aux idoles. Plusieurs demandèrent le baptême ; quelques-uns le reçurent mais les mandarins, effrayés de l’influence que prenait cet étranger dans le pays, le firent arrêter dans le dessein de le mettre à mort. Ils n’osèrent pourtant en venir à une telle extrémité à l’égard d’un homme dont la sainteté était manifeste, et ils se contentèrent de le chasser de l’empire. Gaspard de la Croix, cruellement arraché à la nouvelle famille qu’il avait engendrée à Jésus-Christ, passa dans le petit royaume d’Ormuz, où il opéra de nouvelles conversions. Usé enfin de travaux, il revint dans sa patrie, et y fit succéder à l’apostolat un ministère de charité en se dévouant au service des pestiférés de Lisbonne. Il mourut dernière victime du fléau dont il avait prédit la fin. Dans cette nouvelle période de la propagation de la foi dans la haute Asie, saint François Xavier avait essayé de pénétrer en Chine mais ce fut un religieux de l’ordre de Saint-Dominique[2] qui eut l’honneur d’y entrer le premier et d’inaugurer ces missions célèbres qui ont si vivement excité l’intérêt de la religion et de la science.

  1. Touron, Histoire des hommes illustres de l’ordre de Saint-Dominique, t. VI, p. 729. Fontana, Monumenta dominicana, ann. 1555.
  2. Le Quie, Oriens christianus, t. III, p. 1354.