Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/54

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bares qu’ils en avaient l’air. Il voulut leur témoigner sa reconnaissance et leur faire des présents, mais les missionnaires refusèrent courtoisement ses dons. Ils lui exposèrent, dans une requête, que leur seule ambition était d’être autorisés à fixer leur séjour dans l’empire ; faisant profession de servir Dieu et de cultiver les sciences, et ayant entendu parler de l’intelligence, des lois, des coutumes et du savoir des Chinois, ils n’avaient point hésité à quitter leur patrie et à faire un long voyage de trois ans pour venir s’instruire à leur école, mais que cette étude leur serait beaucoup moins facile à Macao que dans l’intérieur de la Chine. Le vice-roi considéra comme un grand honneur pour les Chinois que de tels hommes fussent venus de si loin pour habiter parmi eux ; et, comme il se piquait d’ailleurs de cultiver la philosophie et les mathématiques, dans lesquelles les missionnaires étaient versés, il souscrivit à leur requête et leur assigna une résidence au faubourg de la ville, dans un temple bouddhique. Souvent il leur envoyait des provisions, et les recevait volontiers, dans son palais, en audience particulière. Les fonctionnaires civils et militaires, tous les personnages importants de Tchao-King ne manquèrent pas, soit par curiosité, soit pour faire la cour au vice-roi, de rendre de fréquentes visites à la pagode habitée par les religieux catholiques. Des relations s’établissaient peu à peu, et ce vaste empire, si hermétiquement fermé aux étrangers, paraissait s’ouvrir au zèle et au dévouement des prédicateurs de l’Évangile. Le P. Roger avait déjà composé un catéchisme et traduit la Vie des Saints pour commencer à répandre les idées chrétiennes dans les populations. Il avait obtenu du