Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/70

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les grenadiers, et plusieurs autres arbres toujours chargés de fruits et de fleurs, répandaient une ravissante variété sur ce beau paysage. En parcourant les environs de la ville, les missionnaires furent frappés de ce site enchanteur, et ils adressèrent aussitôt une requête au vice-roi pour obtenir la permission d’y fixer leur demeure. Il leur fut répondu qu’on acquiesçait à leur demande, et que le jour suivant ils devaient se rendre à la tour Fleurie pour déterminer définitivement l’emplacement qui leur serait alloué.

Le lendemain, le gouverneur se trouva lui-même au rendez-vous avec un de ses assesseurs et une commission des travaux publics. Les membres de cette commission n’étaient pas très-favorables au projet des missionnaires. Déjà ils avaient essayé de faire entendre au gouverneur combien il était inconvenant et dangereux de laisser des étrangers, des barbares, s’établir sur le territoire du Royaume des Fleurs… Assurément, disaient-ils, ils appelleront peu à peu les gens de leur nation qui trafiquent à Macao, leur nombre s’accroîtra, et dès lors il y aura du danger pour la ville de Tchao-King. Ces insinuations n’ébranlèrent pas le bon vouloir du gouverneur ; cependant il crut devoir avertir les jésuites de bien se garder de faire venir chez eux aucun de leurs compatriotes, et d’observer filialement partout et toujours les lois paternelles de l’empire. Les missionnaires promirent de se conformer en tout aux lois et aux rites de la Chine. Alors il leur fut assigné officiellement, non loin de la tour Fleurie, un espace qui parut aux religieux catholiques trop étroit pour y bâtir une église et une résidence. Ils en firent l’obser-