Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/72

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travaux, et afin de pouvoir eux-mêmes en surveiller l’activité, ils louèrent une petite maison tout près de leur construction, où ils partageaient leur temps entre les devoirs de l’apôtre et les soins de l’architecte.

Deux barbares de l’Occident faisant construire une maison sur le sol de l’empire central, était chose hardie et heurtant toutes les idées chinoises. La nouvelle s’en répandit bientôt dans la ville et aux environs. Aussi les avenues de la tour Fleurie étaient-elles perpétuellement encombrées d’une multitude de curieux, qui voulaient s’assurer par leurs propres yeux de la vérité de cet incroyable événement. On arrivait par caravanes de tous les côtés, afin de pouvoir jeter un coup d’œil sur ces étrangers, qui, disait-on, avaient les figures les plus étonnantes du monde. La malveillance ne tarda pas à se mêler à tous ces mouvements de curiosité. La corporation des lettrés fit entendre des murmures ; les fondateurs de la tour Fleurie et de la pagode se plaignirent vivement de ce qu’on avait introduit dans leur quartier des éléments de trouble. On disait de toutes parts que ces étrangers finiraient bientôt par faire à Tchao-King comme à Macao, où tous les ans leur nombre augmentait par de nouvelles recrues venues de par delà les mers occidentales, à tel point qu’il serait actuellement presque impossible de les chasser du poste dont ils s’étaient peu à peu emparés. Les jésuites n’en continuèrent pas moins leurs travaux. Cependant, toutes ces petites séditions ne laissaient pas de leur causer quelque inquiétude ; ils allèrent donc trouver les chefs des émeutiers, et surent si bien gagner leur estime et leur sympathie qu’ils ne furent plus tracassés par per-