Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/78

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d’une voix presque éteinte que depuis longtemps il était dévoré par une cruelle maladie déclarée incurable par les médecins ; que ses parents, à cause de leur extrême pauvreté, n’avaient pu le garder chez eux, et qu’ils l’avaient déposé le long des remparts dans l’espérance que peut-être quelque homme au cœur compatissant aurait pitié de lui et voudrait bien le recueillir. À la vue d’une si profonde misère, les religieux, émus de charité, prennent entre leurs bras ce pauvre moribond et le transportent dans leur résidence ; on eût dit qu’ils venaient de trouver un riche et précieux trésor. Ils lui prodiguèrent avec amour les soins les plus affectueux, et s’empressèrent de lui faire construire tout à côté de leur maison une cabane où il pût recevoir en paix les services que demandait son état. Après quelques jours, il prit un peu de forces et il lui fut permis de s’entretenir tout doucement avec les missionnaires, qui, pleins de sollicitude pour la guérison du corps, avaient surtout à cœur le salut de l’âme. Le pauvre malade était déjà instruit des points principaux de la foi chrétienne, et un jour, comme le P. Roger lui demandait s’il ne désirerait pas embrasser la loi de Jésus-Christ… — Oui, répondit-il, je veux être chrétien. Je n’ai pas étudié les livres, je suis un ignorant, mais je crois que votre religion est véritable et céleste, puisqu’elle inspire à ses disciples l’amour du prochain et les œuvres de miséricorde… — Il reçut donc le baptême avec foi et reconnaissance, et peu de temps après, sa maladie ayant fait de nouveaux progrès, il mourut de la mort des justes et des prédestinés. Ce pauvre moribond abandonné fut le premier chrétien que Dieu se choisit au milieu de ce vaste et