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Page:Huc - Le christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet, tome 2.djvu/80

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cevoir qu’ils avaient à évangéliser un peuple rempli de prétentions, surtout à l’endroit de la littérature et des livres. Ils ne manquaient donc pas de faire contempler leur petite bibliothèque européenne à leurs visiteurs, et ceux-ci, après avoir admiré la beauté et la richesse des reliures, concluaient très-judicieusement que ces livres devaient renfermer des pensées importantes et précieuses, puisqu’on en conservait l’impression avec tant de soin et de recherche. Quelques-uns même osaient aller plus loin, et s’imaginaient que les peuples chez lesquels la littérature était si estimée pourraient fort bien n’être pas tout à fait enfoncés dans la barbarie.

Les missionnaires ne se contentèrent pas de prouver aux lettrés de Tchao-King qu’ils savaient lire et écrire dans leur propre langue ; ils désiraient surtout leur faire voir qu’ils étaient capables de déchiffrer les livres chinois et d’en composer même s’il était nécessaire. Ils s’appliquaient journellement à l’étude, avec le secours d’un habile lettré qu’ils avaient pris à leur service ; et comme ils étaient doués l’un et l’autre d’une intelligence peu ordinaire, ils firent bientôt de rapides progrès. Ils eurent enfin acquis assez d’habileté dans la connaissance des caractères chinois pour oser entreprendre d’écrire un traité sur la doctrine chrétienne, considérée au point de vue de la raison et du simple bon sens. Ayant organisé dans leur maison une petite imprimerie, ils en dirigèrent eux-mêmes l’impression. Cet ouvrage fut tiré à un grand nombre d’exemplaires et répandu avec profusion dans tout l’empire. Les Chinois, toujours avides de livres, surtout de ceux qui renferment quelque nouveauté, le lurent