Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/16

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dans de trop grandes agitations, pour qu’on pût aller au secours de ces chrétientés lointaines. Longtemps elles furent presque abandonnées ; aussi, quand les Lazaristes français reparurent à Péking, ils ne trouvèrent plus que débris et ruines. Grand nombre de chrétiens, pour se soustraire aux poursuites de l’autorité chinoise, avaient passé la grande muraille, et étaient allés demander aux déserts de la Tartarie un peu de paix et de liberté, vivant çà et là de quelques coins de terre que les Mongols leur permettaient de cultiver. A force de persévérance, les Missionnaires finirent par réunir ces chrétiens dispersés, se fixèrent au milieu d’eux, et dirigèrent de là l’ancienne Mission de Péking, confiée immédiatement aux soins de quelques Lazaristes chinois. Les Missionnaires français n’auraient pu sans imprudence, s’établir comme autrefois au sein de la capitale de l’Empire. Leur présence eût compromis l’avenir de cette Mission à peine renaissante.

En visitant les chrétiens chinois de la Mongolie, plus d’une fois nous eûmes occasion de faire des excursions dans la Terre-des-herbes[1], et d’aller nous asseoir sous la tente des Mongols. Aussitôt que nous eûmes connu ce peuple nomade, nous l’aimâmes et nous nous sentîmes au cœur un grand désir de lui annoncer la loi évangélique. Nous consacrâmes dès lors tous nos loisirs à l’étude des langues tartares. Dans le courant de l’année 1842, le saint-siège vint mettre enfin le comble à nos vœux, en érigeant la Mongolie en vicariat apostolique.

Vers le commencement de l’année 1844, arrivèrent les

  1. Nom par lequel on désigne les pays incultes de la Tartarie. — Tsao-Ti.