Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/46

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d’organiser notre petite habitation, que nous aperçûmes dans le lointain, sur le flanc des montagnes environnantes, courir, au grand galop, de nombreux cavaliers. Dans leurs évolutions brusques fit rapides, ils semblaient poursuivre une proie qui leur échappait sans cesse. Deux de ces cavaliers, qui sans doute nous avaient remarqués, coururent vers nous avec rapidité ; ils mirent pied à terre, et se prosternèrent à l’entrée de notre tente ; ces deux cavaliers étaient Tartares-Mongols. Hommes de prière, nous dirent-ils pleins d’émotion, nous venons vous inviter à tirer un horoscope. Aujourd’hui on nous a volé deux chevaux ; il y a longtemps que nous cherchons en vain les traces des voleurs ; hommes dont le pouvoir et la science sont sans bornes, enseignez-nous dans quel endroit nous retrouverons nos chevaux. — Frères, leur répondîmes-nous, nous ne sommes pas Lamas de Bouddha ; nous ne croyons pas aux horoscopes. Dire qu’on a le pouvoir de faire trouver les choses perdues, c’est proférer une parole mensongère et trompeuse… Ces pauvres Tartares redoublèrent de sollicitations ; mais quand ils virent que nous étions inébranlables dans notre résolution, ils remontèrent à cheval pour regagner les montagnes.

Samdadchiemba avait gardé le silence, et n’avait paru faire aucunement attention à cet incident. Il était toujours resté accroupi auprès du foyer, sans détacher de ses lèvres une tasse de thé qu’il tenait embrassée de ses deux mains. Il fronça enfin les sourcils, se leva brusquement, et alla à la porte de la tente. Les cavaliers étaient déjà loin, mais le Dchiahour poussa de grands cris, et fit signe de la main pour les engager à revenir. Les Mongols, s’imaginant