Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/101

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par le bas, au lieu d'être noir, était rouge ou jaune. Les femmes d' Amdo laissent pendre sur leurs épaules leurs cheveux, divisés en une foule de petites tresses, ornées de paillettes de nacre et de perles en corail rouge. Le reste du costume ne diffère pas de celui des femmes Tartares. Mais la pesanteur de leur grande robe en peau de mouton, est corrigée par le petit chapeau à la trois pour cent, qui leur donne un air assez dégagé. Nous fûmes fort surpris de trouver parmi cette foule de pèlerins quelques Chinois, avec un chapelet à la main, et faisant comme tous les autres les prostrations d'usage. Sandara-le-Barbu nous dit que c'étaient des marchands de Khata ; qu'ils ne croyaient pas à Bouddha, mais qu'ils simulaient de la dévotion, pour attirer des pratiques et vendre plus facilement leur marchandise. Nous ne pouvons dire si ces paroles de Sandara étaient une médisance ou une calomnie. Tout ce que nous savons, c'est qu'elles exprimaient passablement bien le génie chinois.

Le quinze, les pèlerins firent encore le tour de la lamaserie ; mais ils étaient bien moins nombreux que les jours précédents. La curiosité les poussait plus volontiers vers les endroits où se faisaient les préparatifs de la fête des fleurs. Quand la nuit fut arrivée, Sandara vint nous inviter à aller voir ces merveilles de beurre, que nous avions tant entendu prôner. Nous partîmes en la compagnie du bègue, du Kitat-Lama et de son Chabi. Nous ne laissâmes que le vieux Akayé pour garder la maison. Les fleurs étaient établies en plein air, devant les divers temples bouddhiques de la lamaserie. Elles étaient éclairées par des illuminations d'un éclat ravissant. Des vases innombrables,