Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

est écrit dans la sainte doctrine : Il vaut mieux honorer son père et sa mère, que de servir les esprits du ciel et de la terre. Ainsi, mère, dites ce qu'il faut que je fasse, et votre fils obéira avec respect. — Rejette ces habits mondains, me dit ma mère, fais tomber cette tresse de cheveux, et rentre dans la famille des saints .... Je n'avais rien à répondre : je me prosternai donc trois fois jusqu'à terre, en signe de soumission. Quand une mère parle, il faut obéir ; la piété filiale est la base de toute bonne doctrine. En vous traduisant les dix grands préceptes de Jéhovah, j'ai remarqué que le quatrième disait : Tu honoreras ton père et ta mère.

« ... Le lendemain je repris mes habits de Lama, et quelques jours après, je me mis en route pour Kounboum, où je travaille à me sanctifier... ».

Ces dernières paroles de Sandara-le-Barbu méritaient, sans contredit, d'être accueillies par un grand éclat de rire. Cependant nous dames nous contenir, et mordre nos lèvres ; car nous avions expérimenté que, malgré son grand zèle pour sa sanctification, il n'avait pas encore obtenu de grands résultats en fait de patience et de mansuétude.

Quand nous eûmes ouï ce sommaire des aventures de Sandara, il nous fut aisé de comprendre comment il se faisait qu'en toute circonstance il témoignât une si grande prédilection pour les hommes et les choses de la Chine. Les règlements laissés par Tsong-Kaba interdisent aux Lamas l'usage de l'ail, de l'eau-de-vie et du tabac à fumer. L'ail est défendu, parce qu'il est inconvenant de se présenter devant les images de Bouddha avec une haleine puante, et capable d'empester le parfum même de l'encens ;