Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/15

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Paix et bonheur à notre père et mère ! — Nous comprimes que c'était un Mandarin supérieur. D'après les exigences de l'urbanité chinoise, nous aurions dû descendre de cheval et nous prosterner comme faisait tout le monde ; mais nous pensâmes qu'en qualité de Lamas du ciel d'occident, nous pouvions nous dispenser de ce dur et pénible cérémonial. Nous restâmes donc gravement sur nos montures, et nous avançâmes avec sécurité. A la vue de nos chameaux, les cavaliers se placèrent prudemment à une distance respectueuse ; quant au Mandarin, il fut brave, lui ; il poussa son cheval, et le força de venir vers nous. Il nous salua avec politesse, et nous demanda, en mongol, des nouvelles de notre santé et de notre voyage. Comme son cheval s'effarouchait de plus en plus de la présence de nos chameaux, il fut contraint de couper court à la conversation et d'aller rejoindre son cortège. Il s'en alla tout triomphant d'avoir trouvé une occasion de parler mongol, et de donner aux gens de sa suite une haute idée de sa science. Ce Mandarin nous parut être Tartare-Mantchou ; il était occupé à faire une visite officielle des canaux d'irrigation.

Nous cheminâmes encore longtemps sur les bords du même canal, ne rencontrant sur notre route que quelques charrettes à grandes roues traînées par des buffles, et des voyageurs ordinairement montés sur des ânes de haute taille. Enfin nous aperçûmes les hauts remparts de Ning-Hia, et les nombreux kiosques des pagodes, qu'on eût pris, de loin, pour de grands cèdres. Les murs en briques de Ning-Hia sont vieux, mais très-bien conservés. Cette vétusté, qui les a presque entièrement revêtus de mousse et