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Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/287

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de Yang-Tou-Sse, ou du moins c'est ainsi qu'il nous fut représenté durant notre séjour à Lba-Ssa.

Il n'était pas aisé, comme on voit, de renverser un personnage dont la puissance était si solidement étayée. Les ministres Kalons ne pouvant combattre ouvertement le Nomekhan, qu'avec la perspective de succomber dans la lutte, prirent le parti de dissimuler, et de travailler néanmoins, en secret, à la ruine de cet homme exécrable. L'assemblée des Houtouktou élut un nouveau Talé-Lama, ou plutôt désigna l'enfant dans le corps duquel l'âme du Bouddha-vivant avait transmigré. Il fut intronisé au sommet du Bouddha-La. Le Nomekhan, comme tous les autres dignitaires, alla se prosterner à ses pieds, l'adora très-dévotement ; mais sans doute se promettant bien in petto, de le faire transmigrer une quatrième fois, quand il le jugerait opportun.

Les Kalons prirent secrètement des mesures pour prévenir une nouvelle catastrophe. Ils s'entendirent avec le Bandchan-Remboutchi de Djachi-Loumbo ; et il fut convenu que, pour arrêter les projets infâmes du Nomekhan, il fallait lui opposer la puissance irrésistible de l'Empereur de Chine. Une requête fut donc rédigée et signée par le Bandchan et les quatre Kalons, puis envoyée secrètement à Péking par l'ambassade de 1844.

Pour trois raisons principales, le gouvernement de Péking ne pouvait se dispenser d'accorder aux Thibétains la protection qu'ils lui demandaient en cette grave circonstance. D'abord la dynastie tartare-mantchoue s'était solennellement déclarée protetrice du Talé-Lama ; en second lieu, le Nomekhan, en tant qu'originaire de Yang-Tou-