Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/315

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quand ils avancent quelque chose. — La figure du Musulman s'épanouit. Vos paroles, nous dit-il, me rassurent complètement. Parmi les objets dont vous m'avez parlé, il n'y a rien qui puisse vous compromettre. Les cartes de géographie sont très-redoutées dans ce pays. On en a une peur extrême, surtout depuis l'affaire d'un certain Anglais nommé Moorcroft, qui s'était introduit à Lha-Ssa, où il se faisait passer pour Kachemirien. Après y avoir séjourné pendant douze ans, il est reparti ; mais il a été assassiné sur la route de Ladak. Parmi ses effets, on a trouvé une nombreuse collection de cartes de géographie et de dessins qu'il avait composés pendant son séjour à Lha-Ssa. Cet événement a rendu les autorités chinoises très-soupçonneuses à ce sujet. Puisque vous autres vous ne faites pas de cartes de géographie, c'est bien. Je vais rapporter au Régent ce que vous m'avez dit.

Nous profitâmes du départ du gouverneur des Katchi, pour nous lever, car nous étions restés couchés, sans façon, pendant sa longue visite. Après avoir fait notre prière du matin, et avoir, de notre mieux, préparé nos cœurs à la patience et à la résignation, nous dégustâmes le déjeuner que le Régent venait de nous faire servir. C'était un plat de petits pains farcis de cassonade et de viande hachée, puis un pot de thé richement beurré. Nous fîmes honneur, plus volontiers, aux gâteaux et aux fruits secs que nous avait apportés le gouverneur des Katchi.

Trois Lamas-huissiers ne tardèrent pas à venir nous signifier l'ordre du jour, portant qu'on allait procéder à la visite de notre bagage. Nous nous inclinâmes respectueusement devant les ordres de l'autorité thibétaine, et nous