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de Calcutta, si jamais il allait dans cette ville, et que cela suffirait pour faire sa fortune. C'était sans doute une lettre de recommandation. La saisie des effets de Moorcroft fit si grand bruit dans le Thibet, que Nisan, craignant de se trouver compromis, détruisit sa lettre de recommandation. Il nous a dit lui-même que ce billet était d'une écriture entièrement semblable à la nôtre.

Les faits que nous venons de raconter, nous les tenons du Régent, du gouverneur kachemirien, de Nisan et de plusieurs autres habitants de Lha-Ssa. Avant d'arriver dans cette ville, nous n'avions jamais entendu parler de Moorcroft ; c'est là que nous avons appris pour la première fois le nom de ce voyageur anglais. D'après ce que nous avons dit, il paraîtrait donc établi, que Moorcroft est réellement allé à Lha-Ssa en 1826, qu'il y a séjourné pendant douze ans, et qu'ensuite il a été assassiné sur la route de Ladak à Lha-Ssa.

Maintenant, voici d'autres renseignements qui s'accordent bien peu avec ceux qui nous ont été donnés dans la capitale du Thibet. D'après la Géographie universelle de Charles Ritter (1)[1], Moorcroft fit d'abord, en 1812, un voyage qui dura deux mois ; il fut ensuite chargé, par la Compagnie, de se procurer des chevaux du Turkestan, pour améliorer les races des haras de l'Inde. Dans ce but, il entreprit un second voyage en novembre 1819 ; il parvint jusqu'à Ladak, où il resta deux ans. Au mois d'octobre 1822, il quitta cette ville pour aller à Kachemir, et

  1. (1) Asie, vol. V, pag. 800. Édition allemande de 1832 à 1837.