Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/373

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confusion vraiment désolante ; et cette confusion vient uniquement des idées superstitieuses des bouddhistes au sujet des jours heureux et malheureux ; tous les jours réputés malheureux, qui se rencontrent dans le courant de la lune, sont retranchés et ne comptent pas. Ainsi, par exemple, si le quinzième de la lune est un jour néfaste, on compte deux fois le quatorzième, et on passe immédiatement au seizième. Quelquefois il se rencontre plusieurs jours néfastes à la file les uns des autres ; mais on n'est pas plus embarrassé pour cela ; on les retranche tous également, jusqu'à ce qu'on soit arrivé à un jour heureux. Les Thibétains ne paraissent pas trouver le moindre inconvénient à une pareille méthode.

Le renouvellement de l'année est pour les Thibétains, comme pour tous les peuples, une époque de fêtes et de réjouissances. Les derniers jours de la douzième lune sont consacrés à en faire les préparatifs ; on s'approvisionne de thé, de beurre, de tsamba, de vin d'orge, et de quelques quartiers de bœuf ou de mouton. Les beaux babils sont retirés de leurs armoires ; on enlève la poussière dont les meubles sont ordinairement couverts ; on fourbit, on nettoie, on balaye ; on cherche en un mot à introduire dans 1'intérieur de la maison un peu d'ordre et de propreté. La chose n'arrivant qu'une fois par an, tous les ménages prennent un nouvel aspect ; les autels domestiques sont surtout l'objet d'un soin tout particulier ; on repeint à neuf les vieilles idoles ; on façonne avec du beurre frais des pyramides, des fleurs, et divers ornements destinés à parer les petits sanctuaires où résident les Bouddhas de la famille.