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Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/378

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être comparée qu'à celle des chats ou des singes. Quelquefois, quand ils sont arrivés au sommet, ils étendent les bras comme pour se jeter à la nage, et se laissent couler le long de la corde avec la rapidité d'une flèche. Les habitants de la province de Ssang sont réputés les plus habiles pour ce genre d'exercice.

La chose la plus étrange que nous ayons vue à Lha-Ssa, pendant les fêtes du nouvel an, c'est ce que les Thibétains appellent le Lha-Ssa-Morou, c'est-à-dire, l'invasion totale de la ville et de ses environs par des bandes innombrables de Lamas. Le Lha-Ssa-Morou commence le troisième jour de la première lune. Tous les couvenls bouddhiques de la province d' Oui ouvrent leurs portes à leurs nombreux habitants ; et l'on voit arriver en tumulte, par tous les chemins qui conduisent à Lha-Ssa, de grandes troupes de Lamas, à pied, à cheval, montés sur des ânes et sur des bœufs grognants, et portant avec eux leurs livres de prières et leurs instruments de cuisine. La ville se trouve bientôt couverte, sur tous les points, par ces avalanches de Lamas, qui se précipitent de toutes les montagnes environnantes. Ceux qui ne trouvent pas à se caser dans les maisons des particuliers et dans les édifices publics, forment des campements sur les places et dans les rues, ou dressent leurs petites tentes de voyage dans la campagne. Le Lha-Ssa-Morou dure six jours entiers. Pendant ce temps, les tribunaux sont fermés, le cours ordinaire de la justice est suspendu, les ministres et les fonctionnaires publics perdent en quelque sorte leur autorité, et toute la puissance du gouvernement est abandonnée à cette armée formidable de religieux bouddhistes. Il règne alors dans la ville un