Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/446

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visiter ce temple, et de se prosterner trois fois devant l'idole du Léang-Tai. Les empereurs chinois sont dans l'usage de diviniser ainsi les officiers civils ou militaires dont la vie a été signalée par quelque fait mémorable ; le culte qu'on leur rend constitue la religion officielle des Mandarins.

En quittant le village de Tanda, on voyage pendant soixante lis dans une plaine nommée Piam-Pa, et qui, selon l'Itinéraire chinois, est la plus étendue du Thibet. Si cette observation est exacte, il faut que le Thibet soit un pays bien abominable ; car, d'abord, cette prétendue plaine est toujours entrecoupée de collines et de ravins, puis elle est si peu large, qu'en voyageant au milieu on peut très-bien distinguer un homme placé au pied des montagnes environnantes. Après la plaine de Pian-Pa, on suit pendant cinquante lis, les sinuosités d'un petit ruisseau serpentant parmi les montagnes, et l'on arrive à Lha-Dze où l'on change les oulah.

De Lha-Dze au poste de Barilang, il y a cent lis de marche : les deux tiers de la route sont occupés par la fameuse montagne Dchak-La ; elle est du nombre de celles qui sont réputées meurtrières, et que les Chinois nomment Yao-Ming-Ti-Chan, c'est-à-dire Montagne qui réclame la vie. Nous en effectuâmes l'ascension et la descente sans accident. Nous nous sentîmes même assez peu fatigués, car nous commencions à nous faire au rude métier d'escalader journellement des montagnes.

De Barilang, nous suivîmes une route assez facile, d'où l'on apercevait ça et là la fumée s'élever de quelques pauvres habitations thibétaines, isolées dans les gorges des montagnes.