Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/48

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n'est pas dans le Kan-Sou entièrement construit en maçonnerie comme dans le nord de la Chine ; le dessus est en planches mobiles, et placées les unes à côté des autres de manière à ce qu'elles joignent parfaitement. Quand on veut chauffer le kang, on enlève ces planches, puis on étend dans l'intérieur du fourneau du fumier de cheval, pulvérisé et très-sec ; on jette sur ce combustible quelques charbons embrasés, et on remet les planches à leur place ; le feu se communique insensiblement au fumier, qui une fois allumé ne peut plus s'éteindre. La chaleur et la fumée, n'ayant pas d'issues à l'extérieur, échauffent bientôt les planches, et produisent une tiède température, qui dure pendant toute la nuit, à cause de la combustion lente du fumier. Le talent d'un chauffeur de kang consiste à ne mettre ni trop ni trop peu de fumier, à l'étendre convenablement, et à disposer les charbons de manière à ce que la combustion commence en même temps sur plusieurs points différents, pour que toutes les planches participent à la fois à la chaleur. Honteux de voir qu'on était obligé de nous chauffer le lit comme à des enfants, nous voulûmes un jour nous rendre nous-même ce service ; mais le résultat ne fut pas heureux : il arriva que l'un de nous faillit se brûler vif, tandis que l'autre grelotta de froid pendant la nuit tout entière. D'un côté le feu avait pris à une planche, el de l'autre le fumier ne s'était pas allumé. Le maître de l'Hôtel des Climats tempérés fut fort mécontent, comme de raison. Afin qu'un pareil désordre ne se reproduisit pas, il ferma à clef le petit cabinet du fumier, se réservant de venir lui-même tous les soirs préparer notre couche. Les soins multipliés de notre ménage, auxquels venait