Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/490

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cellules des Lamas et le mur de plus de cent toises de circonférence qui les entourait, tout avait été démoli, et n'offrait plus qu'un horrible amas de ruines : on n'avait respecté que les principaux temples de Bouddha.

Le gouvernement chinois entretient à Djaya une petite garnison composée d'une vingtaine de soldats, ayant à leur tête un Tsien-Tsoung et un Pa-Tsoung. Tous ces militaires avaient une mine peu satisfaite ; ils paraissaient se plaire médiocrement au milieu de ce pays en proie à toutes les horreurs de la guerre civile ; l'attitude guerrière de ces montagnards ne leur laissait de repos ni le jour ni la nuit ; ils avaient beau faire tous leurs efforts pour conserver la neutralité, ou plutôt pour avoir l'air d'appartenir aux deux partis, ils ne s'en trouvaient pas moins à chaque instant placés entre deux feux. Il parait, du reste, qu'à aucune époque, Djaya n'a offert aux Chinois un séjour facile et agréable. Dans tous les temps, la domination chinoise a trouvé une résistance invincible parmi ces fières peuplades. L'Itinéraire chinois que nous avions entre les mains, et qui fut écrit sous le règne de l'empereur Kien-Long, s'exprime ainsi au sujet de ces contrées... « Les Thibétains qui habitent le canton de Djaya, sont d'un caractère altier et farouche ; tous les essais pour les dompter ont été infructueux ; ils passent pour très-féroces, c'est leur naturel... » Ce que l'écrivain chinois appelle caractère farouche, n'est au fond qu'un ardent patriotisme, et une haine bien légitime de tout joug étranger.

Un jour de repos ayant suffisamment réparé nos forces, nous partîmes de Djaya. Il va sans dire que les Chinois furent obligés de payer, argent comptant, le louage des oulah.