Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/513

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Pendant que nous passions le Ya-Loung-Kiang en bateau, un berger traversait la même rivière sur un pont uniquement composé d'un gros câble en peau d'yak, fortement tendu d'un bord à l'autre. Une espèce d'étrier en bois était suspendu par une solide lanière, à une poulie mobile sur le câble. Le berger n'eut qu'à se placer à la renverse sous ce pont étrange, en appuyant les pieds sur l'étrier, et en se cramponnant au câble de ses deux mains ; ensuite il tira le câble par petits coups ; et le poids du corps faisant avancer la poulie, il arriva de l'autre côté en peu de temps (1)[1]. Ces ponts sont assez répandus dans le Thibet ; ils sont très-commodes pour traverser les torrents et les précipices, mais il faut être habitué à s'en servir. Nous n'avons jamais osé nous y aventurer. Les ponts en chaînes de fer sont aussi très en usage, surtout dans les provinces d'Oueï et de Dzang. Pour les construire, on fixe sur les deux bords de la rivière autant de crampons en fer qu'on veut tendre de chaînes ; on place ensuite sur les chaînes des planches qu'on recouvre quelquefois d'une couche de terre. Comme ces ponts sont extrêmement élastiques, on a le soin de les garnir de garde-fous.

Enfin nous arrivâmes sains et saufs aux frontières de la Chine, où le climat du Thibet nous fit de bien froids adieux. En traversant la montagne qui précède la ville de Ta-Tsien-Lou, nous fûmes presque ensevelis sous la neige, tant elle tombait épaisse et abondante. Elle nous accompagna jusque dans la vallée où est bâtie la ville chinoise qui nous reçut avec une pluie battante. C'était dans les premiers

  1. (1) On rencontre plusieurs ponts de ce genre dans le département de l'Hérault ; on cite surtout celui de Saint-Guilhem (1852).