Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/55

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en réglant nos comptes, marqua cinquante sapèques pour les animaux que nous avions attachés dans la cour pendant notre dîner. Evidemment on voulait nous faire payer comme des Tartares. Samdadchiemba ne put contenir son indignation. — Est-ce que tu crois, s'écria-t-il, que nous autres Dchiahours, nous ne connaissons pas les règlements des hôtelleries ? Où a-t-on jamais vu payer pour attacher des animaux à une cheville de bois ? Dis-moi, maître d'hôtel, combien demandes-tu de sapèques pour la comédie que tu viens de jouer avec ta femme ?... Le sarcasme était sanglant. Les éclats de rire du public donnèrent raison à Samdadchiemba, et nous partîmes en payant simplement nos dépenses particulières.

La route qui conduit à Si-Ning-Fou, est en général bonne et assez bien entretenue : elle serpente à travers une campagne fertile, très-bien cultivée, et pittoresquement accidentée par de grands arbres, des collines et de nombreux ruisseaux. Le tabac est la culture principale du pays. Nous rencontrâmes, chemin faisant, plusieurs moulins à eau remarquables par leur simplicité, comme tous les ouvrages des Chinois. Dans ces moulins, la meule supérieure est immobile ; c'est celle de dessous qui tourne par le moyen d'une roue unique, que le courant d'eau met en mouvement. Pour faire manœuvrer ces moulins, quelquefois construits sur de larges proportions, il n'est besoin que d'une très-petite quantité d'eau ; car on la fait tomber sur la roue comme une cascade, ayant au moins vingt pieds de haut.

Un jour avant d'arriver à Si-Ning-Fou, nous eûmes une route extrêmement pénible, très-dangereuse, et qui