Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/97

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habitations des Lamas, toutes de grandeur différente, toutes entourées d'un mur de clôture, et surmontées de petits belvédères. Parmi ces modestes demeures, dont la propreté et la blancheur font toute la richesse, on voit surgir ça et là de nombreux temples bouddhiques aux toits dorés, étincelants de mille couleurs, et environnés d'élégants péristyles. Les maisons des supérieurs se font remarquer par des banderolles qui flottent au-dessus de petites tourelles hexagones ; de toutes parts, on ne voit que des sentences mystiques écrites en gros caractères thibétains, tantôt rouges et tantôt noirs : il y en a au-dessus de toutes les portes, sur les murs, sur des pierres, sur des lambeaux de toile fixés, en guise de pavillon, au bout d'une foule de petits mâts qui s'élèvent sur les plates-formes des maisons. Presque à chaque pas, on rencontre des niches en forme de pain de sucre, dans l'intérieur desquelles on brûle de l'encens, du bois odorant et des feuilles de cyprès. Ce qui frappe pourtant le plus, c'est de voir circuler, dans les nombreuses rues de la lamaserie, tout un peuple de Lamas revêtus d'habits rouges et coiffés d'une mitre jaune. Leur démarche est ordinairement grave ; le silence ne leur est pas prescrit ; cependant ils parlent peu, et toujours à voix basse. On ne rencontre beaucoup de monde qu'aux heures fixées pour l'entrée ou la sortie des écoles et des prières générales. Pendant le reste de la journée, les Lamas gardent assez fidèlement leurs cellules : on en voit seulement quelques-uns descendre, par des sentiers pleins de sinuosités, jusqu'au fond du ravin, et remonter en portant péniblement sur le dos un long baril, dans lequel ils vont puiser l'eau nécessaire au ménage. On rencontre aussi quelques étrangers,