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VIOTTI EN ANGLETERRE. 91

sens poétique, de n’y pas voir en action quelques-uns des héros d’Homère.

Œuvres de la troisième époque

«Un séjour de près de vingt ans en Angleterre influa naturellement sur le style de Viotti : quelques concessions au goût du pays ont donné naissance à des ouvrages piquants, mais d’une autre forme. Citons le 23° concerto en sol majeur[1] composé pour le public anglais, et nommé pour cette raison le John Bull. On y trouve un adagio dans le goût de Hœndel, le compositeur favori de l’Angleterre, la couleur antique, l’extrême simplicité et la profonde expression de cet adagio, le mettent au rang des plus beaux morceaux de ce genre ; les traits de l’allégro et la légèreté du rondo prouvent un talent heureusement flexible. La coupe des 20° et 25° concertos, en ré majeur et en la mineur[2] offrent moins d’unité, leur succès fut moindre. Mais lorsque l’auteur reprit le grand style, plus conforme à son penchant, il redevint sublime. Il se surpassa lui-même dans le 22° en la mineur[3], dans le 24° en si mineur[4], et dans les 28° en la mineur[5] et en mi mineur[6]. Nous aurons occasion de revenir sur celui-ci, le dernier qui ait paru. C’est vers le milieu de la période de temps marquée par ces divers ouvrages, que Viotti renonça aux difficultés trop hardies de ses premiers œuvres ; il y substitua ces traits si bien modulés qui ne s’élancent plus vers l’aigu avec une sorte de témérité, et qui pour être moins audacieux, ne sont que plus agréables. » En 1802, il vint à Paris : il nous fit entendre ses der-

  1. Lettre C.
  2. Le 25° lettre E.
  3. Lettre B.
  4. Lettre D.
  5. Lettre H. Dédié à M. le marquis de Lauriston.
  6. Lettre I. Dédié à M. Georges Chinnery.