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104 RODE, ÉLÈVE DE VIOTTI.

la confiance d’autrefois ; et l'on sait ce que vaut cette confiance que les hommes de talent tirent du sentiment de leur valeur ; lorsqu’elle est ébranlée tout disparaît avec elle.

C’est quelque temps après cet échec que Rode mourut au château de Bourbon, entre Tonneins et Aiguillon, le 26 novembre 1830.

Caractère du talent de Rode

Le jeu de Rode[1] se faisait remarquer surtout par une rare justesse d’intonation, par un son d’une grande pureté, par un archet à la fois souple et nerveux, par une remarquable expression dans la manière de chanter, par une chaleur communicative et entraînante, enfin par un style plein de poésie, d’une grande franchise, d’une grâce exquise et d’une extrême élégance. C’est surtout par l’étude de ses œuvres qu’on peut comprendre et analyser toutes les brillantes qualités du jeu de Rode, les compositions d’un virtuose étant naturellement conçues de façon à faire ressortir ses qualités, et écrites dans le genre qui convient le mieux à son talent. Il est facile de voir, en étudiant celles de Rode, que ce talent était fait surtout de charme, de tendresse et de suavité. Les chants si élégants et si gracieux de ses concertos (voyez le 1er, le 5° le 7° et le 8°), le caractère si distingué, si noble, parfois si touchant et si mélancolique de ses études, l’allure si aimable de ses airs variés, tout indique que ces qualités formaient le fond même et l’essence de son jeu d’exécutant. D’autre part, la franchise et la hardiesse des traits dont sont parsemées ses compositions nous font voir que le virtuose joignait à ces qualités la solidité du style, la fermeté d’archet, et une ardeur pleine de noblesse.

Ses 24 caprices.

Ses études sont vraiment des modèles du genre, et

  1. Arthur Pougin. — Aotice sur Rode, violoniste français, Paris Pottier de Lalaine, 1874.