Page:Huet - Étude sur les différentes écoles de violon.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

MAUGARS. 9.
Célèbres joueurs de viole. et de Louis Lasagrino, qui brillaient à Florence vers 1540, et dont parle Canassi del Fontego, dans Regola Rubertina (traité spécial de l’art de jouer de la viole), c’étaient des joueurs de viole et non des violonistes. Il en était de même de Beaulieu ; Salmon et autres à la cour de France (pendant le régne de Henri III.) Un musicien du cardinal de Richelieu, Maugars, eut, de son vivant, une très-grande réputation comme joueur de basse de viole. Le luth, la viole, le théorbe, le clavecin, étaient alors les instruments favoris des amateurs peu nombreux qui cultivaient la musique. Un fashionable aurait rougi si on l’avait surpris un violon à la main : c’était l’instrument du ménétrier, du maître à danser ; et si quelques amateurs jouaient du violon, c’était pour leur usage particulier ; ils n’osaient pas toujours avouer ce travers. Revenons à Maugars. Ses contemporains parlent avec enthousiasme de son talent, et placent presque toujours son éloge à côté de celui de Hottmann, autre violiste non moins renommé, qui vivait à la même époque. Le père Mersenne s’exprime ainsi en parlant du jeu de ces deux grands artistes : "Personne en France n’égale Maugars et Hottmann, hommes très-habiles dans cet art : ils excellent dans les diminutions et par leurs traits d’archet incomparables de délicatesse et de suavité. Il n’y a rien dans l’harmonie qu’ils ne savent exprimer avec perfection, surtout lorsqu’une autre personne les accompagne sur le clavicorde. Mais le premier exécute seul et à la fois deux, trois ou plusieurs parties sur la basse de viole, avec tant d’ornements et une prestesse de doigts dont il paraît si peu se préoccuper, qu’on n’avait rien entendu de pareil auparavant par ceux qui jouaient de la viole ou même de tout autre instrument..."{Mersennus, lib. 1. De instru. harm. prop. 30.) La réputation de ces deux violistes se conserva long-