Page:Huet - Étude sur les différentes écoles de violon.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

BOCAN, LAZARIN, FOUCARD, LULLY. 21
véhément de Bocan (dont le vrai nom était Jacques Cordier), de la délicatesse et de l’expression de Lazarin et de Foucard.
Le son du violon, dit-il, est le plus ravissant ; car ceux qui en jouent parfaitement comme les sieurs Docan, Lazarin et plusieurs autres, l’adoucissent tant qu’ils veulent, le rendent inimitable par de certains tremblements qui ravissent l’esprit.» {Harmonie universelle. - Traité des instruments à cordes, liv. 1er, p. 2, 1627). Bocan, maître de danse de Henriette de France, n’avait aucune connaissance de la musique écrite ; il transmettait les airs par tradition. On trouve cependant un branle très-gracieux de ce violoniste dans la Tablature de Manore, par Chancy, p. 16 (Paris, 1629), in-4o oblong.
L’habileté de Lully (1) sur le violon surpassa celle de

Les violons avait des lieutenants en province, qui veillaient à ce que les contributions fussent exactement payées ; les dilettanti devaient se mettre en règle sur ce point important ; et si, par hasard, ils étaient surpris jouant du violon ou de la viole sans licence royale, les tribunaux les condamnaient à de fortes amendes, même à des punitions corporelles si le cas présentait une certaine gravité.
Des organistes prêtres, des chanoines, jouant de la basse de viole, furent sommés de prendre un brevet de maître à danser pour qu’il leur fut permis d’accompagner le plain-chant ou la musique dans les églises. Les professeurs de violon étaient obligés de faire enregistrer leurs élèves chez le roi des violons, et de lui payer un droit pour chacun. Le premier qui obtint la charge de roi des violons, maître des ménétriers, fut Constantin, lequel vivait sous Louis XIII ((comme nous l’avons vu plus haut.) Il eut pour successeur Dumanoir, connu sous le nom de Guillaume Ier. Ce titre passa à son fils Guillaume II, qui l’abdiqua volontairement en 1685. Il y eut un interrègne jusqu’en 1741. Guigon devint alors le quatrième roi des violons; mais enfin, persuadé que la musique ne tarderait pas à s’affranchir du joug qu’il lui imposait, ce monarque sonnant abdiqua aussi volontairement. Cette charge fut définitivement supprimée par un édit enregistré au Parlement, le 31 mars 1773.
(1) Lully ou Lulli (Jean-Baptiste), fondateur de l’opéra français, naquit à Florence en 1633. A l’âge de 13 ans, il entra chez Made-