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GAVINIÈS. — SES ÉLÈVES. 87

style imposant, enfin en une expression pleine de charnie et de sensibililé, particulièrement dans l’adagio. Ce sont ces grandes et rares qualités qui frappèrent Viotti lorsqu’il eut entendu Gaviniès, et qui le firent appeler le Tartini français. Le talent de cet artiste se fit particulièrement apprécier à sa juste valeur dans diverses occasions où il se fit entendre au concert spirituel, après des violonistes d’un mérite incontestable. C’est ainsi que la palme lui fut donnée après des luttes avec Pugnani, Dominique Ferrari et Jean Stamitz.

Élèves de Gaviniès.

Lorsque Gaviniès jouait sa romance pour le violon, connue sous le nom de Romance de Gaviniès et sur laquelle il improvisait des variations, il mettait tant d’expression dans son jeu, qu’il faisait verser des larmes à son auditoire. A soixante-treize ans, il l’exécuta dans un concert, et causa la plus vive émotion à ceux qui l’entendirent. Gaviniès forma conjointement avec Gossec, l’entreprise du concert spirituel, et jamais cet établissement ne fut aussi bien administré que par ces deux artistes.

Comme professeur, Gaviniès ne se distingua pas moins que comme virtuose. Il a formé beaucoup d’élèves qui possédèrent un très-bon mécanisme du violon, et à qui il ne manqua, pour être de grands artistes, que de joindre le génie au savoir. On cite, parmi ceux qui se sont fait particulièrement remarquer : Capron, Lemierre, Paisible, Le Duc aîné, l’abbé Robinot, Guénin, Imbault et Baudron. En 1794 il fut nommé professeur au Conservatoire, qui venait d’être établi par un décret de la Convention ; mais il n’entra en fonctions qu’en 1796. Son meilleur élève dans cette école fut Verdiguiès, qui se fit entendre avec succès dans les concerts du Conservatoire, et qui fut un des premiers violons de l’Opéra. Gaviniès mourut le 9 septembre 1800, considéré comme le chef et le fonda-