Page:Hugo Œuvres complètes tome 5.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tu te passes souvent la main au front comme elle,
Comme pour l’essuyer, car il faut au cœur pur
Un front tout innocence et des yeux tout azur.
Tu rayonnes pour moi d’une angélique flamme,
À travers ton beau corps mon âme voit ton âme,
Même les yeux fermés, c’est égal, je te vois.
Le jour me vient de toi. Je me voudrais parfois
Aveugle et l’œil voilé d’obscurité profonde,
Afin de n’avoir pas d’autre soleil au monde !

Blanche.

Oh ! que je voudrais bien vous rendre heureux !

Triboulet.

Oh ! que je voudrais bien vous rendre heureux ! Qui ? moi ?
Je suis heureux ici ! quand je vous aperçoi,
Ma fille, c’est assez pour que mon cœur se fonde.
Il lui passe la main dans les cheveux en souriant.
Oh ! les beaux cheveux noirs ! enfant, vous étiez blonde,
Qui le croirait ?

Blanche, prenant un air caressant.

Qui le croirait ? Un jour, avant le couvre-feu,
Je voudrais bien sortir, et voir Paris un peu.

Triboulet, impétueusement.

Jamais, jamais ! — Ma fille, avec dame Bérarde
Tu n’es jamais sortie, au moins ?