Page:Hugo Œuvres complètes tome 5.djvu/157

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Je m’étais résigné, j’acceptais ma misère.
Les pleurs, l’abjection profonde et nécessaire,
L’orgueil qui toujours saigne au fond du cœur brisé,
Le rire du mépris sur mes maux aiguisé,
Oui, toutes ces douleurs où la honte se mêle,
J’en voulais bien pour moi, mon Dieu, mais non pour elle !
Plus j’étais tombé bas, plus je la voulais haut.
Il faut bien un autel auprès d’un échafaud.
L’autel est renversé ! — Cache ton front, — oui, pleure ;
Chère enfant ! je t’ai fait trop parler tout à l’heure,
N’est-ce pas ? pleure bien. — Une part des douleurs,
À ton âge, parfois, s’écoule avec les pleurs. —
Verse tout, si tu peux, dans le cœur de ton père !
Rêvant.
Blanche, quand j’aurai fait ce qui me reste à faire,
Nous quitterons Paris. — Si j’échappe pourtant !
Rêvant toujours.
Quoi, suffit-il d’un jour pour que tout change tant !
Se relevant avec fureur.
Ô malédiction ! qui donc m’aurait pu dire
Que cette cour infâme, effrénée, en délire,
Qui va, qui court, broyant et la femme et l’enfant,
Échappée à travers tout ce que Dieu défend,
N’effaçant un forfait que par un plus étrange,
Éparpillant au loin du sang et de la fange,
Irait, jusque dans l’ombre où tu fuyais leurs yeux,
Éclabousser ce front chaste et religieux !
Se tournant vers la chambre du roi.
Ô roi François Premier ! puisse Dieu qui m’écoute