Page:Hugo Œuvres complètes tome 5.djvu/24

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au procès de l’arbitraire fait par la liberté ; ce public auquel des journaux honorables d’ailleurs, ont reproché à tort, selon nous, des tumultes inséparables de toute foule, de toute réunion trop nombreuse pour ne pas être gênée, et qui avaient toujours eu lieu dans toutes les occasions pareilles, et notamment aux derniers procès politiques si célèbres de la restauration ; ce public désintéressé et loyal que certaines autres feuilles, acquises en toute occasion au ministère, ont cru devoir insulter, parce qu’il a accueilli par des murmures et des signes d’antipathie l’apologie officielle d’un acte illégal révoltant et par des applaudissements l’écrivain qui venait réclamer fermement en face de tous l’affranchissement de sa pensée. Sans doute, en général, il est à souhaiter que la justice des tribunaux soit troublée le moins possible par des manifestations extérieures d’approbation ou d’improbation ; cependant il n’est peut-être pas de procès politique où cette réserve ait pu être observée ; et dans la circonstance actuelle comme il s’agissait ici d’un acte important dans la carrière d’un citoyen, l’auteur range parmi les plus précieux souvenirs de sa vie les marques éclatantes de sympathie qui sont venues prêter tant d’autorité à sa parole, si peu importante par elle-même, et qui lui ont donné le redoutable caractère d’une réclamation générale. Il n’oubliera jamais quels témoignages d’affection et de faveur cette foule intelligente et amie de toutes les idées d’honneur et d’indépendance lui a prodigués avant, pendant et après l’audience. Avec de pareils encouragements, il est impossible que l’art ne se maintienne pas imperturbablement dans la double voie de la liberté littéraire et de la liberté politique.


Paris, 21 décembre 1832.