Page:Hugo Œuvres complètes tome 5.djvu/261

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ni ton père ni ta mère. On ne doute pas que tu ne sois gentilhomme, à la façon dont tu tiens une épée ; mais tout ce qu’on sait de ta noblesse, c’est que tu te bats comme un lion. Sur mon âme, nous sommes compagnons d’armes, et ce que je dis n’est pas pour t’offenser. Tu m’as sauvé la vie à Rimini, je t’ai sauvé la vie au pont de Vincence. Nous nous sommes juré de nous aider en périls comme en amour, de nous venger l’un l’autre quand besoin serait, de n’avoir pour ennemis, moi, que les tiens, toi que les miens. Un astrologue nous a prédit que nous mourrions le même jour, et nous lui avons donné dix sequins d’or pour la prédiction. Nous ne sommes pas amis, nous sommes frères. Mais enfin, tu as le bonheur de t’appeler simplement Gennaro, de ne tenir à personne, de ne traîner après toi aucune de ces fatalités, souvent héréditaires, qui s’attachent aux noms historiques. Tu es heureux ! Que t’importe ce qui se passe et ce qui s’est passé, pourvu qu’il y ait toujours des hommes pour la guerre et des femmes pour le plaisir ? Que te fait l’histoire des familles et des villes, à toi, enfant du drapeau, qui n’as ni ville ni famille ? Nous, vois-tu, Gennaro ? c’est différent. Nous avons droit de prendre intérêt aux catastrophes de notre temps. Nos pères