Page:Hugo Œuvres complètes tome 5.djvu/64

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Triboulet.

Ma sœur veut m’entourer de savants ! C’est bien mal
De la part d’une sœur. — Il n’est pas d’animal,
Pas de corbeau goulu, pas de loup, pas de chouette,
Pas d’oison, pas de bœuf, pas même de poète,
Pas de mahométan, pas de théologien,
Pas d’échevin flamand, pas d’ours et pas de chien,
Plus laid, plus chevelu, plus repoussant de formes,
Plus caparaçonné d’absurdités énormes,
Plus hérissé, plus sale et plus gonflé de vent,
Que cet âne bâté qu’on appelle un savant !
— Manquez-vous de plaisirs, de pouvoir, de conquêtes,
Et de femmes en fleur pour parfumer vos fêtes !

Le Roi.

Hai… ma sœur Marguerite un soir m’a dit très-bas
Que les femmes toujours ne me suffiraient pas,
Et quand je m’ennuîrai…

Triboulet.

Et quand je m’ennuîrai… Médecine inouïe !
Conseiller les savants à quelqu’un qui s’ennuie !
Madame Marguerite est, vous en conviendrez,
Toujours pour les partis les plus désespérés.

Le Roi.

Hé bien, pas de savants, mais cinq ou six poètes…

Triboulet.

Sire ! j’aurais plus peur, étant ce que vous êtes,