Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Choses vues, tome I.djvu/355

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[LA PROCLAMATION DE LA RÉPUBLIQUE À ALGER.]


L’annonce du Banquet avait inquiété toute la France, et Alger non plus n’était pas tranquille. Tout le mois de février on s’y préparait à des nouvelles sinistres de Paris. Le 25 février, M. le duc d’Aumale[1] donnait un grand dîner. On savait que le 22 la question avait dû se décider. On attendait l’arrivée du courrier avec anxiété. Le prince était soucieux. Au dessert, il dit en s’efforçant de sourire : — Ce qui se passe à Paris en ce moment doit être curieux.

L’événement arriva en plusieurs morceaux ; d’abord le 27, Odilon Barrot, la régence, puis le gouvernement provisoire, enfin le 1er mars, la République. Le prince lui-même la fit proclamer.

Il visita une dernière fois avec M. de Joinville les fortifications afin de s’assurer qu’elles étaient en bon état, il ordonna à tous ses officiers de rester au service, leur disant d’être fidèles à la France, et qu’il les enviait.

Comme il n’avait pas d’argent, il ne put quitter la colonie qu’en se faisant payer ses appointements. Sur trente mille francs qu’il toucha, il fit donner vingt mille francs aux ouvriers qui avaient travaillé pour le palais du Gouvernement, et partit avec dix mille francs.


Mai 1848.
  1. Le duc d’Aumale était gouverneur général de l’Algérie. En 1848, après la révolution de Février, il se retira en Angleterre. (Note de l’éditeur.)