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PORTRAITS.


I

M. THIERS.


M. Thiers veut traiter des hommes, des idées et des événements révolutionnaires avec la routine parlementaire. Il joue son vieux jeu des roueries constitutionnelles en présence des abîmes et des effrayants soulèvements du chimérique et de l’inattendu. Il ne se rend pas compte de la transformation de tout ; il trouve des ressemblances entre les temps où nous sommes et les temps où il a gouverné, et il part de là ; ces ressemblances existent en effet, mais il s’y mêle je ne sais quoi de colossal et de monstrueux. M. Thiers ne s’en doute pas, et va son train. Il a passé sa vie à caresser des chats, à les amadouer par toutes sortes de procédés câlins et de manières félines ; aujourd’hui il veut continuer son manège, et il ne s’aperçoit pas que les bêtes ont démesurément grandi, et que ce qu’il a maintenant autour de lui, ce ne sont plus des chats, ce sont des tigres.

Spectacle étrange que ce petit homme essayant de passer sa petite main sur le mufle rugissant d’une révolution.




Quand M. Thiers est interrompu, il se démène, croise ses bras, les décroise brusquement, puis porte ses mains à sa bouche, à son nez, à ses lunettes, puis hausse les épaules et finit par se saisir convulsivement, des deux mains, le derrière de la tête.




Voici un mot de M. Thiers qui peint M. Thiers : — Je n’ai pas de collègues !




PAROLE VRAIE DE THIERS. (SYSTÈME HYPOTHÉCAIRE.)


« Je ne suis pas novateur, je ne suis pas novateur, cependant, cependant, cependant (crescendo) je ne veux pas défendre des traditions fâcheuses, fâcheuses.