Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/357

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lettre de m’envoyer des vues de Saint-Lazare, dessinées par toi, me comble de joie et d’une douce reconnaissance. Il me serait bien doux de pouvoir placer des ornements aussi chers dans l’appartement qui sera témoin de mon bonheur. Réalise, je t’en prie, cette promesse à laquelle j’attache un si haut prix. Réponds-moi le plus tôt possible, et parle-moi beaucoup de ta santé, de tes occupations, et de ton affection pour tes fils, que peuvent à peine payer tout le respect et tout l’amour de ton

Victor.
Paris, 31 août 1822.

Mon bon oncle Louis m’a écrit pour un objet qui le concerne et dont M. Foucher s’occupe activement. Je lui transmettrai la réponse dès que je l’aurai.

Nous t’embrassons tous ici bien tendrement ; je pense que tu lis à Blois les journaux qui parlent de mon recueil ; si tu le désires, je t’enverrai ceux qui me tombent entre les mains. Je lis et relis ton joli poëme de la Révolte aux Enfers. Parle-moi, je te prie, de ce que tu fais en ce moment ; tu sais combien cela m’intéresse et comme fils et comme littérateur. Pardonne à mon griffonnage ; je t’écris avec une main malade ; je me suis blessé légèrement avec un canif ; ce ne sera rien. Adieu, cher papa, je t’embrasse encore[1].


À Monsieur l’abbé de Lamennais,
à la Chesnaie.
1er septembre 1822.

Il faut que je vous écrive, mon illustre ami ; je vais être heureux : il manquerait quelque chose à mon bonheur si vous n’en étiez le premier informé. Je vais me marier. Je voudrais plus que jamais que vous fussiez à Paris pour connaître l’ange qui va réaliser tous mes rêves de vertu et de félicité. Je n’ai point osé vous parler jusqu’ici, cher ami, de ce qui remplit mon existence. Tout mon avenir était encore en question, et je devais respecter un secret qui n’était pas le mien seulement. Je craignais d’ailleurs de blesser votre austérité sublime par l’aveu d’une passion indomptable, quoique pure et innocente. Mais aujourd’hui que tout se réunit pour me faire un bonheur selon ma volonté, je ne doute pas que tout ce qu’il y a de tendre dans votre âme ne s’intéresse à un amour aussi ancien que moi,

  1. Bibliothèque municipale de Blois.