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talent de M. de Lamartine ne soient des recommandations toutes-puissantes auprès de M. Villars. MM. de Chateaubriand et l’évêque d’Hermopolis[1] s’intéressent vivement à la nomination de M. de Lamartine. M. Villars se plaira sans doute à joindre son suffrage au leur et à aplanir à ce beau talent l’entrée de l’Académie où M. Villars occupe une place si distinguée.

Je serai personnellement heureux et flatté d’avoir attiré son attention sur M. de Lamartine ; et la nomination de ce poëte ajoutera une nouvelle obligation à toutes celles que j’ai déjà à mon ancien et respectable ami M. Villars. J’aurai l’honneur de revenir.

Victor Hugo.


Monsieur le comte François de Neufchâteau,
de l’Académie française.


15 novembre 1824.
Monsieur le comte,

Vous avez peut-être oublié mon nom ; mais moi jamais je n’oublierai la bienveillance avec laquelle vous avez bien voulu accueillir mes premiers essais[2]. C’est de cette bienveillance que j’ose aujourd’hui vous demander une preuve qui, pour ne m’être pas personnelle, ne me sera pas moins chère.

Un fauteuil est vacant à l’Académie française ; je n’ai certes pas la prétention de dicter un choix à un goût aussi sûr que le vôtre : je me permettrai seulement d’appeler votre attention sur un célèbre candidat, qui est mon ami et dont je vous ai vu il y a quelques années admirer les premières poésies ; c’est vous nommer Alphonse de Lamartine.

M. de Lamartine s’empressera d’aller lui-même briguer votre suffrage et je ne doute pas qu’il ne l’obtienne par son seul mérite de votre impartialité si bienveillante et si éclairée ; mais je serais heureux d’avoir été pour quelque chose dans votre favorable détermination. Ce serait, monsieur le comte, ajouter une nouvelle et bien vive reconnaissance à toutes celles que vous doit déjà

Votre très profondément dévoué
Victor Hugo.
  1. Comte de Frayssinous, grand maître de l’Université, ministre des Affaires ecclésiastiques.
  2. Dès 1817, Victor Hugo et F. de Neufchâteau échangèrent des vers, et le vieil académicien encouragea et protégea le jeune poète. Il le pria de confronter les textes espagnol et français pour un rapport qu’il préparait sur Gil Bios de Santillane ; Victor Hugo fit le rapport, que F. de Neufchâteau publia et signa. En 1820, c’est par son entremise que l’Ode sur la mort du duc de Berry fut présentée au roi qui accorda spontanément à l’auteur une gratification de 500 francs.