Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/445

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
À Sainte-Beuve.


Ce samedi [mi-février 1827[1]].

Venez vite, monsieur, que je vous remercie des beaux vers dont vous me faites le confident. Je veux vous dire aussi que je vous avais deviné — moins peut-être à vos articles si remarquables d’ailleurs qu’à votre conversation et à votre regard — pour un poëte. Souffrez donc que je sois un peu fier de ma pénétration et que je me félicite d’avoir pressenti un talent d’un ordre aussi élevé. Venez, de grâce, j’ai mille choses à vous dire, ou faites-moi savoir où je pourrais vous trouver.

Votre ami,

V. H.[2]


À Victor Pavie.
Paris, 17 mars 1827.

Votre Dernière feuille est charmante. Vous y avez attaché de certains vers et un certain nom qui mourront comme elle ; mais j’ai été, moi, bien touché de cette preuve d’amitié que me donne votre beau talent.

Vous m’avez écrit une lettre charmante qui m’aurait consolé du Globe et de l’Étoile[3] si j’avais eu besoin d’en être consolé. Ce sont des gens qui m’attaquent, et qui ont leurs raisons sans doute. Je suppose que cela leur fait plaisir ; pourquoi donc m’en affligerais-je ? Je m’en réjouis, au contraire, puisque cela me vaut des lettres comme la vôtre.

J’ai chargé mon libraire de vous envoyer cette Ode à la Colonne qui ne vaut pas ce seul vers

C’était une feuille d’automne.

Adieu, monsieur. Vous me promettez de m’écrire souvent. N’y manquez pas, de grâce. Votre amitié, votre poésie me rajeunissent ; vos lettres sont déjà plus qu’un plaisir pour moi.

V. H.
  1. Note de Sainte-Beuve : « Après mes premiers vers communiqués. » D’après Léon Séché (Sainte-Beuve, tome I), ces premiers vers auraient pour titre : Un jeune poëte italien au tombeau du Taße. — Nos notes sur Sainte-Beuve sont souvent établies d’après la Correspondance générale de Sainte-Beuve, publiée par Jean Bonnerot.
  2. Archives Spoelberch de Lovenjoul
  3. Attaques violentes anonymes contre l’Ode à la Colonne dans l’Étoile du 10 février et dans le Globe du 15 février 1827.