Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/485

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cration pareille, celle de l’élection. Elles émanent également de la souveraineté populaire.

Il y a aujourd’hui violation du principe en ma personne. Le choix de mes concitoyens m’a conféré un grade et un emploi. Il n’est pas de pouvoir au monde qui puisse scinder la commission, et retenir le grade en laissant l’emploi.

Une loi est à intervenir. Nous en discuterons tous les bases. En attendant, tenons-nous-en à la rigueur du principe.

Je déclare que je suis inviolablement pourvu du grade dont vous-même m’avez proclamé revêtu et que prétend révoquer la décision dont vous me faites l’honneur de me prévenir. Cette décision est, de fait comme de droit, nulle et non avenue. Je proteste contre cette décision. Et je vous prie de vouloir bien en provoquer la prompte révocation du général en chef. La publicité d’un pareil fait pourrait être fâcheuse.

Je suis persuadé que notre illustre général me saura gré de cette protestation. Elle prouve ma confiance sans bornes dans sa fidélité aux principes. En appelant son attention aujourd’hui sur une décision qui lui a été surprise, en y résistant au besoin de toutes mes forces, j’agis comme il agirait à ma place. Je me montre, autant qu’il est en moi, son élève. Maintenir le droit de tous est le devoir de chacun. Je vous prie de vouloir bien faire mettre cette lettre sous les yeux du général en chef.

J’ai l’honneur d’être, avec un cordial attachement, monsieur le commandant et cher camarade, votre obéissant serviteur.

Victor Hugo,
Sous-lieutenant secrétaire adjoint
du conseil de discipline, 1re légion, 4e bataillon[1].


À Victor Cousin,
Membre du Conseil de l’Instruction publique[2].


Je viens, mon cher et honorable ami, vous rappeler la promesse que vous m’avez bien voulu faire. Si je n’étais assez malade, c’est en personne que j’irais vous en entretenir. Voici ce dont il s’agit. Vous avez été assez bon pour me faire espérer une chaire de philosophie en province pour M. Noël[3],

  1. Archives de la famille de Victor Hugo.
  2. Inédite.
  3. Louis Noël, poëte et professeur, avait connu Victor Hugo au début de 1830, il lui avait envoyé une ode et en avait reçu une invitation à l’aller voir ; il avait été l’un des plus ardents combattants aux représentations d’Hernani ; Victor Hugo s’était intéressé à ce jeune provincial seul à Paris, éloigné des siens, et lui avait ouvert sa maison.