Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/633

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traitez-le magnifiquement, je vous le demande avec instance, et ne dites rien surtout de ses opinions intimes et de ses causeries personnelles, rien qui puisse lui nuire, tout ce qui peut le servir. Je compte pour tout cela sur votre chère et admirable amitié.

Tuus.
Victor H.[1]
2 juin [1846].


Monsieur Charles Hugo[2]
Chez Monsieur Georges, à Vert-le-Grand,
près et par Marolles (Seine-et-Oise).


Samedi, 26 septembre, Villequier.

Me voici à Villequier, chers enfants, près de votre bonne mère et de ma Dédé. Je serais heureux si vous y étiez. Ne sentez-vous pas qu’on a tort de se disperser et que, dans ces heures de séparation qu’on s’est faites volontairement, on se fait toutes sortes de reproches de s’être quittés. Moi je voudrais être près de vous ou vous avoir ici, et je ne sors pas de ces idées. Il me tarde d’être tous réunis dans notre bon vieux carré de la place Royale.

Comment vas-tu, mon Charlot[3] ? j’espère que tu es toujours de mieux en mieux. Je te recommande d’être gai et bon avec mon Toto qui a pour toi les soins d’une sœur. Aimez-vous toujours ainsi, chers enfants. Toute force et tout bonheur sont dans l’amour qu’on a les uns pour les autres. D’ailleurs, s’aimer, c’est là à peu près tout ce qu’il y a dans la vie. Votre mère et votre sœur vont bien toutes deux, et vous embrassent tendrement. Je les ai trouvées heureuses et ravies, à votre absence près ; c’est presque un non-sens et une ingratitude de demander quelque chose à Dieu dans ce beau lieu, mais le cœur a toujours des vides, hélas, et la plus belle nature ne vaut pas un sourire des êtres qui vous manquent. — On m’avertit que l’heure de la poste presse. Je ferme bien vite cette lettre.

Amitiés et remerciements à M. Georges de ma part, et mes hommages empressés aux pieds de votre douce et excellente hôtesse[4].

  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Inédite.
  3. Charles avait eu, au début de l’année, une fièvre typhoïde.
  4. Bibliothèque Nationale.