Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/140

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répandre. Je pense que je pourrai vous l’envoyer par le prochain courrier. Les proscrits hongrois, polonais, italiens, etc. étaient présents. Quant aux proscrits français, trente-huit départements étaient représentés. On pense unanimement que les deux groupes de Londres résoudront la question dans le même sens. Boichot venu de Londres, et présent, est de cet avis. — Je vous écris tout cela bien vite. Si vous vous ralliez, cher et éloquent collègue, à cette opinion, aujourd’hui absolument unanime ici, il serait utile de vous mettre tous à l’œuvre de votre côté immédiatement et d’organiser une immense abstention.

Le 4 approche. Parlez-en à tous nos amis. Le facteur va passer. Je ferme cette lettre. J’ai dit à ma femme combien c’est une noble et charmante femme que Mme  Madier de Montjau. Mme  Victor Hugo désire ardemment la connaître. Quand donc nous viendrez-vous ? Je vous envoie mes plus cordiales effusions.

V. H.

Amitiés à tous nos amis. Charles vous serre la main[1].


À Hetzel.


18 novembre [1852].

Je fais en ce moment un volume de vers qui sera le pendant naturel et nécessaire de Napoléon-le-Petit. Ce volume sera intitulé : Les Vengeresses. Il contiendra de tout, des choses qu’on pourra dire, et des choses qu’on pourra chanter. C’est un nouveau caustique que je crois nécessaire d’appliquer sur Louis Bonaparte. Il est cuit d’un côté, le moment me paraît venu de retourner l’empereur sur le gril. Je crois à un succès au moins égal à celui de Nap.-le-Petit. À présent, que me conseillez-vous ? Impossible de publier cela en Belgique, la loi Faider-Brouckère[2] étant donnée ; on imprime ici à très bon marché. Qu’en diriez-vous ? Croyez-vous que Tarride pourrait recevoir à Bruxelles les ballots d’exemplaires fabriqués ici et les vendre secrètement ou ostensiblement selon la situation faite par la loi ? Dans ce cas-là, jugeriez-vous à propos de refaire entre vous, lui et moi pour les Vengeresses le même traité que pour Nap.-le-Petit ? Si c’était là votre avis, il serait nécessaire d’en causer. Est-ce que vous ne pourriez pas venir me voir une semaine à Jersey ? Je vous offrirais un coin dans ma cabane au bord de la mer. D’ici rien de plus facile, je vous l’ai déjà écrit, que

  1. Communiquée par M. Jacques Sévoz, petit-neveu de Madier de Montjau.
  2. Cette loi fut votée le 20 décembre 1852. Elle décrétait des poursuites contre les écrivains qui attaquaient les princes. Victor Hugo tombait sous le coup de cette loi.