Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/183

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Rappelez-lui que je l’ai prié de m’envoyer une copie du traité de 1831 relatif justement à cette affaire.

Prenez tout mon cœur pour vous et donnez-en un peu à votre charmante femme[1].


À Paul Meurice[2].


Marine-Terrace, 7 Xbre [1853].

Je reçois votre lettre, et je vous réponds courrier par courrier. Commencez, je vous prie, par remercier M. Huet[3] et par lui remettre ce mot. Je tirerai sur vous pour cette petite somme. Maintenant, à M. Ragani. Vous avez excellemment fait. Il faut pousser vivement le procès. Je vous envoie le pouvoir. Il y a arrêt, arrêt de cour d’appel, devenu souverain. Par conséquent, même avec les juges d’à présent, l’issue ne peut faire doute. Voyez, je vous prie, cher poëte, cher ami, mon excellent ami, qui a été mon excellent avocat, Paillard de Villeneuve[4], c’est encore par lui que je voudrais que la cause fut plaidée. Il a déjà vaincu, il vaincra encore. Montrez-lui ces quelques lignes, et ajoutez en mon nom que je comprendrais pourtant qu’il hésitât à replaider pour moi, car ma situation est particulière maintenant, et devant les gens d’aujourd’hui, tout compromet. Je trouverais donc tout simple, dites-le lui bien, qu’il reculât devant mon nom à prononcer devant ces juges que j’ai flétris, et quoiqu’il ne s’agisse ici que d’une chose purement littéraire et d’une simple question de propriété, je ne lui en voudrais pas le moins du monde et mon amitié pour lui n’aurait ni étonnement, ni diminution, s’il déclinait, pour une foule de raisons que je comprends, la mission que je serais heureux de lui voir remplir. Mettez-le, je vous prie, bien à son aise, car, avant de m’aimer, j’aime mes amis. Si P. de V. ne peut pas, voyez (que d’ennuis je vous donne !) mon autre ami et mon autre avocat Crémieux. Si Crémieux ne peut, voyez Jules Favre qui est aussi mon ami, et que je serais fier d’avoir pour avocat. Au cas d’hésitation de Paillard de Villeneuve, écrivez-moi et je vous enverrai

  1. Correspondance entre Victor Hugo et Paul Meurice.
  2. Inédite.
  3. Paul Huet, peintre paysagiste de grand talent ; de 1827 à sa mort, chaque tableau qu’il exposa obtint un succès.
  4. Paillard de Villeneuve, avocat célèbre, plaida et gagna de nombreux procès littéraires ; il fut l’un des fondateurs de la Gazette des tribunaux. Ami de Victor Hugo, il plaida pour lui, en 1838, contre la Comédie-Française qui avait manqué à ses engagements pour les reprises d’Hernani et d’Angelo.